Confinement et déconfinement. par La Compagnie les Amulectrices, Compagnie clownesque et guitaresque
Je me souviens, c’était juste avant le confinement.
« Il n’est pas certain que tout soit certain ». Pensées de Blaise Pascal
Ce sont des rencontres en toute simplicité, au lac Kir dans le centre-ville de Dijon, dans le quartier des Grésilles, au parc de la Colombière, mais aussi dans les rues des antiquaires : nous avons joué, chanté, bien ri ensemble ! Il était décidé de changer les idées, de divertir, enfin d’aller à la rencontre des habitants. Des Beatles à Léo Ferré, de Mike Brant à Johnny, de Renaud à Bella Ciao, chant italien, les mots ont résonné dans tout Dijon.
Nous avons offert notre belle humeur et nos bisous qui volent. Certains avaient envie de parler, de se confier, de dire leurs peurs et leurs incertitudes quant au virus, au travail, et à leur avenir. Tout le monde a chanté !
Qu’avez-vous envie d’écouter ? Du Flamenco ? Du Twist ? Une comptine pour les enfants ?
La période est extra-ordinaire : confinement, re-confinement, mise à l’écart, quarantaine, avec les masqués d’un côté, les démasqués de l’autre, des prudents aux moins prudents, ceux qui y croient, et ceux qui n’y croient pas...
Et si on faisait un livre ?
Avec les clowns Anne-Lise Blachot et Anne- Sophie Lange, Christian Codfert à la guitare et au chant, la Compagnie Les Amulectrices s’est mise en action !
Elle : Le confinement ? J’étais déjà habituée. À 93 ans, je ne sortais déjà qu’une fois tous les trois mois !
Son fils : J’ai perdu deux kilos, forcément on n’a reçu personne, plus d’apéro, plus de fromage et on a marché tous les jours. Maman, t’es quand même mieux maintenant qu’au sortir du confinement ? Surtout depuis qu’on se revoit et que tu as retrouvé le kiné !
J’ai apprécié le confinement et le déconfinement parce que j’ai redécouvert ma ville : superbe Dijon ! Même pendant le confinement, je sortais et je venais m’asseoir ici-même. Aujourd’hui j’ai fait la connaissance de Wafa et je l’ai invitée à boire un coup. Je suis enseignante, elle, fait des études. Vous voyez on fait des rencontres dans ce square du centre ville. Quand je pense à tout ce qui a été fait depuis deux ans à Dijon. Je suis amoureuse de ma ville !
Hôtel de ville de Dijon et la tour Philippe le Bon
« Le mot crise en Chinois est représenté par deux idéogrammes qui signifient danger et opportunité.
Citation
Il y a toujours dans une crise la possibilité de changer, de s’ouvrir à autre chose, d’en comprendre les causes et d’essayer d’en tirer les conséquences. Elle peut être une prise de conscience qui nous permet de vivre autrement, tant au niveau individuel que collectif.» Fréderic Lenoir, sociologue et écrivain.
C’est la vie dans mon quartier qui m’a le plus manqué pendant le confinement ! Nous, on a fait des gâteaux, le ménage et on a regardé Netflix.
Et vous avez pris deux kilos !
Non, moi j’ai partagé, comme ça je n’ai pas pris deux kilos.
Vous n’avez pas trouvé que c’était trop court le confinement ?
Non non ! C’était agaçant. On se sentait comme des prisonniers et on n’avait plus droit à rien. On ne pouvait plus sortir, voir les copines, danser, chanter, voir les animaux… aller dans les parcs. Nous les jeunes, on n’avait plus de vie ! Ah ! Si on faisait juste du sport. Le matin on mettait Youtube pour les séniors et on se filmait. Après on envoyait les vidéos à la famille.
On a pris du temps pour retrouver ses proches, c’est bien, même en vidéo. On avait un sentiment de peur qu’on a tous ressenti. Ils nous disaient : « Faut pas mettre de masque. » Le peuple français n’est pas dupe. C’est volontaire. Quand c’est grave, ils disent les choses au Maroc. En France, on n’avait pas les informations et on était inquiet !
Au Maroc : 100 masques 10€ En France : 50 masques 30€
On est assez intelligent vous savez ? On était inquiets et en France, ils ont voulu qu’on soit inquiets. Peut-être pour qu’on consomme ? Ils ont voulu nous faire peur.
Si ça recommence, on ne respectera pas. Faut pas que ça recommence.
Un petit mot optimiste ?
Oui…On reste là, on va pas quitter la France !
La grippe dite « espagnole » est venue des US. Ils sont forts ces Américains ! Ils l’ont la grippe espagnole ! On aurait dû l’appeler la grippe américaine. Pour moi, on s’est bien fait avoir... Tous les politiciens se tiraient la patte ! (sic pour dire se tiraient dans les pattes). Il y a eu le SARS-CoV : rien n’a été fait. Le confinement, on nous l’a imposé. On pourra pas savoir si ça servait à quelque chose ! Même pas dit : « Excusez-nous de nous enlever votre boulot. » Depuis le déconfinement tout va mal. Moi avec les évènements, j’ai réouvert mon bar il y a seulement deux jours. Et pour l’instant, y a pas le monde d’avant. En France, ils inventent, ils créent, ils sont forts pour plein de choses, mais question développement : zéro !
Le confinement, c’était bien pour les animaux. Un écureuil est rentré chez moi. Il s’ennuyait, il a voulu un peu d’ambiance !
BONUS Vidéo n°1
Quelque chose de positif s’est-IL passé pendant le confinement ?
Oui, j’ai réfléchi : quel était mon but dans la vie ?
Vas-tu mettre ça à profit ?
Oui, je voudrais être boucher professionnel, mais avec une seule main, c’est pas possible.
Pourquoi ? Serais-tu le premier ? C’est encore mieux, non ? Premier boucher à main unique ! (rires)
Moi j’ai rien à dire sur le confinement, rien de rien !
Alors le confinement pour vous ?
C’est important de dire qu’on n’a rien à dire. Trop de gens n’osent pas le dire. Ça c’est bien ! Il n’a rien à dire et il le dit !
D'après Raymond Devos
Heureusement que vous êtes là pour nous remonter l’moral ! On ne sait pas ce qui s’passe on ne sait rien ! On n’y comprend rien ! (Le clown fait un bisou qui vole). Hop ! Un bisou ! Je l’attrape et je le mets dans ma poche.
Comment ça se passe pour vous le déconfinement ?
Mon chien Jaja a peur du clown.
Jaja, on chante pour toi la musique de trente millions d’amis, alors ?
Avec les enfants, vu qu’on ne pouvait pas aller à la piscine, on faisait des bains très grands ; on se baignait avec les bouées et les maillots de bain.
Mais c’est génial ça ! Dans un appartement ?
Oui !
Ah c’qu’on est bien, quand on est dans son bain, on fait des grosses bulles, on joue au sous-marin ...
« L’idole des jeunes. » Johnny, il a eu de la chance, il n’aurait pas aimé rester confiné, lui. Il aurait fait une chanson Covid 19, Johnny. Vous voyez ? J’ai plein de tatouages, mais celui-là, sur ma jambe, je l’ai fait pendant le confinement. Il est symbolique (un coeur à l’aiguille). Et vous pouvez le prendre en photo.
On ne s’rend pas compte mais on a dû licencier. On n’est pas des fonctionnaires. Certains patrons de bars n’ont pas tenu le coup, il y a eu des suicides, il y avait les traites à payer ! Un report de trois mois seulement, mais après faut tout rembourser. Nous on marche bien on a d’la chance, mais on a dû licencier les saisonniers, et quand on les a rappelés, ils ne sont pas r’venus. Ce n’est pas facile pour nous car il n’a pas fait beau à la sortie du confinement.
Paroles de Michel Fugain et Pierre Delanoë
Le clown, la chanson, ça fait du bien - on a besoin de ça. D’habitude, pendant les vacances, je pars au Maroc. Cette année, je reste là, il faut payer le test 100 euros pour partir et pareil pour revenir ! Et si on revient… On sait pas si on pourra revenir. Ma belle-soeur est partie, elle a payé. C’est cher ! C’est une période bizarre : y a ceux qui ont très peur et ceux qui ne respectent rien ! Nous, on se laisse bercer et aller au gré du vent.
Le confinement ce n’était pas facile, mais le déconfinement c’était pire !
« Si Madame Nature est en pétard, c’est qu’on lui en a fait trop voir, si madame Nature pète les plombs c’est qu’elle a ses raisonS ! Si madame Nature a les nerfs et qu’elle remue ciel et terre c’est peut-être qu’elle n’apprécie guère la façon dont on la considère. »
D’après Louis Chedid
« La terre se réchauffe ! Eh oui !
Citation
Enfin un geste pour les sans-abris ! » Laurent Ruquier
Moi je suis SDF. Et ça a été dur, très dur et ça va être encore très dur si ils nous reconfinent en septembre-octobre. Je trouve ça complètement inutile, parce qu’ils perdent beaucoup de finances. Et moi je dirais aux gens de mettre le masque. J’ai eu 135 euros d’amende car je vis dehors, oui je suis SDF ! Ils nous ont dit : il faut vous planquer ! Où ? Nous on est dehors, on est seul, on essaie de survivre. On nous a proposé les salles de Marsannay et de Longvic. Vous avez vu le monde ? Grâce à moi et aux personnes qui m’ont aidé, j’aurai mon appartement vers la ville de Gray et mon CAP d’espaces verts s’ils reconfinent. Je trouve ça génial car au moins je me suis « bougé les fesses. »
Le confinement ? J’ai eu l’occasion de parler avec beaucoup de personnes pour qui ça a été source d’anxiété et d’angoisse. Ils vivent encore beaucoup dans la peur aujourd’hui, ne sortent pas et mettent encore beaucoup de barrières.
Respectueuses de la nature, on essayait déjà depuis un an d’être dans une démarche de grosse réduction des déchets et en confinement, ça a été la « cata » quoi. Surtout le premier mois, on ne pouvait pas aller au marché. Nous, les masques, on en a fait en tissu lavable, même si c’est pas la norme. Mais pour aller en boulangerie ou dans des magasins, ça suffit non ? Il est bon évidemment dans les hôpitaux de respecter la norme.
« À aucun moment le Christ n’a baissé les bras !» Coluche
Citation
Nous avons fait deux ou trois kilomètres par jour, à pied, dans le quartier de Longvic. Pendant le confinement nous avons décidé de nous déconfiner. J’ai un masque dans la poche mais je ne le mets pas, car personne ne le met !
En un mot le confinement ?
Liberté !
Étonnant non ?
« On va tous crever, on va tous crever, Y’a la fin du monde qui nous guette et nous on fait la fête ! On va tous crever, on va tous crever. La fin du monde nous attend et nous on fait la fête tout l’temps ! Ouais ! ».
Citation
Didier Super
Pendant le confinement moi j’ai rien fait, j’attendais la mort (en souriant). C’était dingue.
Place François-Rude
Presse-purée
Ping-pong, Paris, smashs, Du raquette en pagaille Dégoulinant de tchatche Clic-clac photos flash Vie privée qu’on mitraille Calomnies qu’on s’arrache
Tous les cancans chez les kakous Tous les caquets tous riquiquis Dis c’est qui qui fait caca où ? Dis c’est qui qui fait cocu qui ?
Micmac on se moque De savoir si c’est vrai Du moment que ça choque SVP les Schnocks Montrez-nous qui dormait Nu dans votre paddock
Coucou les voici, Des épreuves attendues Presqu’en flagrant délit ! Et ça tue l’ennui Chez les mamans tordues Et les paparazzis
Paroles et musique de Christian Codfert
Le masque est une cachette. Pour les enfants introvertis, le masque c’est magique, c’est une béquille. Et c’est encore plus difficile de les faire sortir de leur coquille. Pour les enfants en difficulté, ça empêche encore plus de dire. À bas les masques le 4 octobre 2021 en primaire ! Pour les pré-ados 12-14 ans, le masque devient un accessoire de mode. Ils deviennent pro-masque c’est bien plus qu’un accessoire de santé. C’est un refuge aussi.
(Lieux : Parc de la Colombière, quartier Grésilles, terrasses des cafés, centre-ville, lac Kir…)
Rencontre avec deux éducatrices et des enfants
Sans Pass c’est compliqué dans l’enseignement. Le vaccin n’est pas exigé (août 21) pour l’instant, mais ça entrave de ne pas l’avoir, pour les sorties scolaires, la piscine par exemple. C’est problématique et assez hypocrite finalement.
Une enseignante
On se libère maintenant. Le confinement c’est la vie qui s’arrête : un bout de vie en moins quand on est vieux ! On ne s’dit pas assez souvent « je t’aime », on devrait... Merci pour ce moment de joie musicien !
Rémi, avec son bel accent italien
Le confinement ça a été dur.
Une dame, grand-mère bien sympathique
Ça va mieux maintenant ?
Oui, mais je sens qu’il y a quelque chose qui se cache…
En ce moment, à Clermont-Ferrand pas de confinement ! On a bravé l’interdit !
Bérangère
La vie est dure, personnellement. Et puis, cette actualité ça n’arrange rien !
Un monsieur bien triste
Moi je les fabrique les Pass ! Et toi tu fais une passe ?
Non, je passe mon tour
Pendant le confinement, c’est la culture qui m’a manqué. Merci d’être là !
Le confinement c’était ennuyant. Je n’ai pas pu faire mon anniversaire. Mais c’était bien parce que j’ai joué à Minecraft (jeu vidéo).
Une élève d’une classe de CM1
Après 50 ans de mariage, c’est pas un p’tit confinement qui va nous faire peur. Nous, on va bien !
Un couple de 80 ans
Je ne regarde pas la télé donc je vais bien, je cours, j’ai des amis vieux, et des amis entre 25 ans et 50 ans, comme ça, je reste enjoué ! Nous sommes une bande de vieux lubriques ! On drague ! Alors on conclue pas, mais c’est déjà bien. Vous êtes mignonne le clown quand-même ! Vous êtes libre comme l’air ? Et qu’est-ce que t’as de beaux yeux, c’est pas le sujet, mais t’as de beaux yeux !
Henri parce « qu’henrigole bien », 78 ans
Moi c’est Pass Moi c’est pas Pass Mais on est copain quand même ! On s’est pas foutu sur la gueule ! La Police qui contrôle ? Quand toi t’as la feuille, c’est toujours eux qui ont les ciseaux.
Deux amis
Papier /pierre/ feuille/ciseau Loto test ? Là on a perdu !
Moi je suis Hébreu de par ma mère, Arabe de par mon père, Je suis bourguignon, Marié à une chrétienne Et pas vacciné ! Finalement je suis juste un être humain, Mais qui n’est à sa place nulle part.
Né quelque part, Maxime le Forestier
Lila et Florence
Comment ça va ?
Faut se recentrer, vu qu’on a la petite, on espère… Mais dans les repas de famille le sujet pro-vax, anti-vax, pose des soucis. Alors que ça devrait être comme la religion chacun son avis…
On s’accommode ! Nécessité fait loi. Je ne comprends pas pourquoi il y a tant de gens qui ne veulent pas le vaccin. L’Anthropocène*, c’est l’ère que nous avons créée. On laissera des traces indélébiles. C’est la première fois qu’on entre en tant qu’humains, dans les catégories géologiques. J’ai été vacciné une troisième fois, mon âge me permet d’avoir cette assurance.
*L’Anthropocène, mot inventé en 2000 par le F. Stoermer, biologiste
Eglise Saint-Michel
J’ai pris le passe pour la liberté. Mais non ! Ce n’est pas ça la liberté ! répond sa copine… C’est la merde ! C’est la merde ! C’est la merde !
Samuel, Maxime, Ulrich, Médina, Camille et Michel
Moi je suis content, mes associations sont reparties. Moi qui aime sortir et voir du monde, ça fait du bien. Je me sentais seul… On a fait beaucoup de pique-niques avec le CCAS. (Et il se met à chanter la vie en rose).
Bernard
Le confinement ? J’ai pu quitter Paris grâce au télétravail ! Ça m’a permis de revenir dans ma région, de retrouver ma famille et mes amis.
Serine, Melaile, Julien, et Kentin
La famille avant tout ! Ça aide à tout supporter. Mais privé de concert et du reste c’était pas l’pied…
Séverine, Bruno, Evans et Robin
Ça a été mal géré. Maintenant on supporte le pass sanitaire. C’est bien ce que vous faites, vous redonnez le sourire aux gens !
Vanessa, Patrick, Peter, et Nemesio
Rencontre d’une famille japonaise au parc de la Colombière.
Nous venons d’une ville à côté de Tokyo. Au Japon pas de confinement mais peut-être que ça va venir. On porte des masques depuis longtemps, nous. On a l’habitude : quand on a le rhume et quand il y a le pollen. Ça ne change pas beaucoup avec le Covid.
La mère de famille
Jusqu’à ce qu’elles sachent le français on va rester.
une chanson en japonais ça nous ferait plaisir !
Les deux petites filles nous chantent une chanson japonaise.
Rencontre à la terrasse d’un café, deux amis italiens.
Ils vont contrôler aux terrasses des cafés, la semaine prochaine. Notre papier de sortie qu’on avait, n’a jamais été contrôlé ! Ça va coûter cher, qu’y z’ont dit… Y en a déjà plein des faux ! Ils vont déjà en taule et il y a des amendes partout ! Mon frère jumeau italien aussi, il joue de la musique. Avec son accordéon, il va partout en Autriche, en Allemagne…
En Italie, comment c’est le Covid ?
Pas très bien non… c’est une autre façon d’avancer, c’est pas pareil qu’en France. Y a la misère d’accord et y a pas beaucoup de travail, mais tout le monde se débrouille bien. Merci pour cette interview. Ça nous a fait plaisir de vous connaître !
(jeu de mot ! Pandémie)
- Oh le pauvre, on va lui chanter une p’tite chanson ? - Une chanson de consolation ? Tiens, j’en ai une très courte. « Pimpon pimpon font les pompiers hi han hi han font les policiers. » - C’est de Didier Super ? - Non c’est d’moi celle-là.
J’ai eu deux amendes 135€ en bas de ma rue à la première vague. J’avais oublié l’attestation. La deuxième fois j’avais dépassé l’heure limite.
Au début du Covid, le comportement des gens avait changé. Certains étaient agressifs, ils parlaient de manière sèche, et d’autres étaient plus gentils qu’avant. Mais maintenant c’est fini.
Comme disait Macron t’as trouvé du travail en traversant la rue alors ?
Après la première vague j’ai été embauché en face de chez moi dans un bar de nuit.
Oui. J’ai traversé le trottoir et j’ai trouvé du travail. Et trois semaines après, tout refermait !
Et t’as perdu ton travail donc t’as retraversé la rue !
BONUS Vidéo n°2
plus rien faire d’autre et que nous sommes en dictature, faut être gais. On n’a pas l’choix. Nous on aime la liberté ! Moi je suis bien, je vous suis les doigts de pieds en l’air. Moi, je suis l’auxiliaire de vie de cette famille parfaite !
Une famille avec un monsieur dans un fauteuil roulant
Vous voulez une chanson ? Laquelle ?
La vôtre.
Le monsieur (dans le fauteuil) danse. Merci pour la bonne humeur ça fait du bien !
Ah une des miennes ? C’est sur la presse à scandale : Tous les cancans chez les kakous...
Y en a qui n’arrivent pas à respirer dans les masques. Moi j’ai de la buée sur mes lunettes. Alors, je mets le masque en dessous du nez. Comme ça ! Moi mon père il a dit que l’covid, c’est exprès pour enlever des gens. On va être de moins en moins…
Tu as quel âge ?
12 ans.
Ça va pas trop mal et c’est mieux que si c’était pas bien ! Et comme dit Coluche; « C’est pas plus mal que si c’était pire.» On habite près de Châtillon.
Comment ça va ?
Période compliquée car enfermée, et on pouvait pas voir la p’tite !
C’était comment la période Covid ?
Hésitante.
Comment voyez-vous l’année prochaine ?
Même avec le vaccin on a des doutes. Certains n’y croient pas et pensent que c’est un coup d’État. Ça rentrera dans les manuels d’histoire tout ça ! Au collège, on leur dira : aujourd’hui vous allez apprendre le Covid, allez, ouvrez votre livre page 19... » Ce serait bien, une bonne fois pour toute, qu’on sache !
Est-ce qu’on va s’en sortir ?
7 ans. Moi je vais partir à l’Atlantique.
Tu as quel âge ? Tu en penses quoi du masque ?
Oui ! Mon masque de plongée ! Je m’entraîne dans ma piscine. J’ai une super technique. Je vais vous montrer : d’abord je fais ça, et après je fais ça.
Tu vas devoir mettre le masque ?
J’en pense rien.
Ouah ! Et toi t’en penses quoi de la vaccination ?
On s’est donné rendez-vous ici via Facebook. Dans notre groupe on se connait pas forcément. On veut plus parler du Covid mais plutôt des vacances, s’amuser ! Ça a commencé, y avait la guerre partout. Les tours centers et la guerre du golf. Depuis qu’on est né c’est la galère ! Le capitalisme a de plus en plus d’emprise.
Vous avez une recette pour aller dans le bon sens ?
Un groupe de jeunes (18-19 ans) dans le jardin de la mairie
J’y réfléchis souvent et j’aimerais bien avoir la réponse. Faut y croire ! Y a bien de nouvelles belles âmes dans les générations qui arrivent, il faut juste bien les éduquer. Arrêter de mettre l’argent au-dessus de tout. C’est une question de spiritualité. Vivre positivement peut attirer le positif. J’essaie de donner des conseils mais je n’arrive pas forcément à les appliquer !
Courage !
À la terrasse d’un café quartier des antiquaires
Elle (en buvant son verre) : Oh ! Ce mot va être important ! On préfère le verre à moitié plein qu’à moitié vide nous.
Elles deux : Ah ah hi hi ho !
1,5/20 et encore je suis gentil. On en a encore pour des années. Je ne suis pas spécialiste mais… C’est sans arrêt qu’on sort une loi et qu’on l’enlève ! Moi, 20/20 ! Moi je suis content, on s’embrasse plus maintenant. C’est le côté positif.
Quelle note sur vingt, mettriez-vous au gouvernement ?
Comment allez-vous ? Climatiquement bien ?
Pour l’instant je suis passé à travers les mailles du filet. C’est normal car je rencontre peu de monde. J’ai conscience qu’on peut pas se réjouir de l’isolement.
Mais moi le confinement ne m’a pas gênée, j’aime être seule, entendre moins de voiture et croiser moins de monde. J’ai l’impression que la planète nous fait payer tout ce qu’on lui a fait subir. Les gestes barrière pour moi c’est important. Je me doute qu’il y a un gros débat sur la vaccination, je pense que ça marche mais qu’il faut laisser le choix. Chantez-moi Putain de toi de Brassens. Ça me détendra. Je travaille au centre de tri. Trois sont déjà partis… Ils ne voulaient pas se vacciner. Ma Copine l’a chopé au boulot, c’est une algérienne. Elle est tout le temps dans la cuisine. C’est épicé c’est chaud ! J’ai donné à manger aux gens en insertion dans une asso pendant un an. Jamais rien eu ! Rien attrapé ! C’est peut-être l’alcool qui me protège… J’attends l’année prochaine pour partir en Algérie au mariage d’une copine. Au Bled, il y a la famille qui surveille. On boit moins qu’ici du coup !
On peut pas prévenir l’avenir. On peut juste se projeter : Inch’Allah. Quand on a le travail et la santé c’est très bien. L’argent c’est rien on l’emmènera pas. La famille c’est important c’est tout.
Comment voyez-vous l’année prochaine ?
Non je suis pensif.
Je vois t’es triste
Non c’est pas facile !
Je vois t’es triste
Enfant 1 : Elle est nulle cette drôle d’époque ! Enfant 2 : Non non elle est bien. Enfant 1 : On était collé chez nous. Enfant 2 : Oui mais on a pu construire des choses ! Des maisons avec des bâtons de sucettes. Enfants 3 : Des toiles Ninja Shuriken. On a fait une flèche. Enfant 2 : Et on a fait du vrai feu avec les parents.
Est-ce qu’il vous arrive d’oublier le Covid une journée entière ?
En montrant sa petite fille : quand je suis avec elle, oui.
Le guitariste chante la chanson de Renaud, Mistral gagnant, « …sur un banc avec toi… ». Lui : Vivement que le Covid soit derrière nous ! On sait plus vivre simplement. Elle : La nature nous a mis un petit rappel, c’est comme une petite fessée. Ils ont découvert que le sourire on l’avait oublié. Bizarrement après le confinement, ça leur manquait, aux gens, le masque, car on se disait davantage « bonjour ! » avec. Oui « bonjour ! » oralement, avec le masque, ça s’était développé. Lui : elle parle juste ma femme hein ?
Une famille au lac Kir, sur un banc
Elle : C’est mon approche philosophique de la chose. Pourquoi ne choisirait-on pas notre vaccin ? J’ai l’impression qu’en France, ils suivaient un peu l’Angleterre. Maintenant ils se basent sur Israël. Plus on vaccine, plus il y a de variants. J’ai entendu par une pharmacienne, qu’en Israël, il y aurait des problèmes hormonaux sur les jeunes filles. Lui : On est vacciné en masse, on verra qui a eu tort et qui a eu raison ? Dans notre couple, l’un est vacciné, l’autre pas. Comme ça l’un pourra soigner l’autre. C’est une belle initiative ce que vous faites. Chanter avec nous, faire le clown. Ça met un peu de gaité ! On a besoin d’un p’tit sourire. Ça ne coute rien.
J’suis de la Moselle ! Vivement que ça s’arrête ! On va se retrouver tous à la fourrière, tous piqués !
Un touriste
Le Covid ce n’est pas bien pour les arts et la musique ni pour les asso. Si on est positif l’année prochaine, ce sera mieux. Si on négatif, ça va continuer. Que sera la vie sans les arts sans les chansons ? Le Bistrot de la scène (un café-théâtre connu à Dijon) ça a rouvert ?
Vous savez à Sète personne ne met le masque dans toute la ville. J’en reviens. Sète c’est assez (cétacé) Poséidon a créé Sète avec une grosse baleine qui bouchait l’entrée du futur port.
Elle : Nous on était du 93 à Paris, maintenant on vit à Messigny et Vantoux en Bourgogne. Lui: J’ai bossé pendant trente ans à l’institut Pasteur. Les épidémies je connaissais, mais là, je suis largué. Y a rien de logique. Ça va de variants en variants. Il se peut qu’il y en ait des plus dangereux ou carrément des plus inoffensifs. Le vaccin est quand-même une solution à suivre. La chose la plus importante (et qu’on a tendance à oublier), c’est la communication. Il faut parler avec tout le monde même avec les gros cons. Elle: On a vu trois personnes se faire éjecter à la frontière italienne. FlixBus, il y a davantage de contrôles.
Lui : Nous on se l’est chopé ! J’ai juste perdu le goût et l’odorat. Un an et demi après je n’ai pas récupéré le goût (agueusie). Je ne peux toujours pas manger de citron ou d’orange. La mandarine a un goût dégueulasse maintenant, un goût chimique industriel. Mon fils aussi l’a eu.
Porte Guillaume datant du XVIIIe siècle
Il y a plein d’effets dont on ne parle pas. Il y a un copain de mon fils qui est à moitié sourd et un autre qui a perdu un oeil.
Les vraies infos, avec mon cousin, on en parle. Les infos télé c’est du vide, du blabla. On attend un vrai vaccin !
Je vous présente Honoré, champion de France !
Votre chien est magnifique mesdames !
Covidement chien
Vous n’avez pas le Covid vous au moins ? (s’adressant au clown et au musicien)
On peut faire une photo avec lui ?
Oui !
Vous avez peur qu’on contamine le chien ?
Oslo a eu beaucoup moins de public pendant le Covid. Il s’est ennuyé. Il regardait désespérément autour de lui pour que quelqu’un ramasse la balle. Il appelait, attendait, parlait avec ses yeux. Maintenant il va chercher des gros galets dans sa gueule et si vous ne jouez pas avec lui, il vous la jette sur le pied !
Comment elle s’en sort avec le Covid ?
Comme le hareng (Saur).
Bonjour Funny (le chien)
Non elle n’a pas souffert ! Fallait faire des mots, des attestations pour sortir le chien !
Odile Sonia Sacha Xavier Amira Marie-Rose et Gelaso Gaëtan Christophe Salomée Camille Jean-Luc Aurore Hasna Naya Et à tant d’autres...
Merci à :
graphisme : camille tota design
Pensées, Blaise Pascal
Des lettres à l’Être, la Compagnie Les Amulectrices a toujours aimé aller à la rencontre des habitants et créer un spectacle vivant avec eux. Dans cette période « bizarroïde » elle a voulu avec ce livre laisser une trace, un témoignage, que vous relirez certainement avec une autre émotion, un autre regard dans les années à venir. Porterez-vous toujours le masque ? La quarantaine (en 2020 c’était logique) fera-t-elle toujours parler d’elle ? Comment la planète se portera-t-elle ? L’homme saura t-il enfin « jouer » en douceur avec la nature ?
Dans ce livre, la parole a été transcrite telle quelle. Le langage est oral, et la Compagnie a souhaité qu’elle soit transmise, comme elle leur a été proférée, voire offerte.
Nos remerciements vont à tous nos partenaires institutionnels qui accompagnent fidèlement l’association des Amulecteurs.